Hace diez años que Consuelo Manrique viene tratando el tema de la violencia. En esta nueva muestra, A posteriori se han elaborado pinturas y dibujos muy sutiles. Hilos rotos, costuras sin terminar, telas cosidas, se abren a un universo frágil, como frágil es la vida, y sobre todo en tiempos violentos como los que ha vivido la humanidad desde épocas inmemoriales.
Pero su obra no hace referencia a la violencia en general, alude al país y la época en la que le ha tocado vivir. La historia de Colombia, desde mediados del s. XX ha experimentado la violencia de manera intensificada. Lo que comenzó siendo una oleada de violencia en los campos a causa de lucha bipartidista entre liberales y conservadores, hoy se extiende como un río teñido de sangre a causa del narcotráfico y la corrupción. Masacres y desplazamientos hacen parte del diario vivir. Para los que viven en el campo, es parte de su terrible condición cotidiana; para los que habitamos en las ciudades es la noticia diaria que irrumpe y perturba nuestras vidas a través de los medios. Este río estruendoso y aterrador ha hecho que tanto literatos, como cineastas y artistas colombianos sientan la necesidad de abordar el tema desde ángulos diversos.
Consuelo Manrique lo hace desde su oficio, desde la plástica, utilizando los medios que le son propios: la pintura y el dibujo, la línea y el color, pero no se limita a la utilización de los medios puros sino que acude a una especie de collage. Como una vez lo hicieron los artistas de la primera mitad del s. XX, Consuelo Manrique trae a esa pintura suya, que oscila entre lo abstracto y lo figurativo, trozos de realidad, trozos de esa vida cotidiana que como lo he anotado, se impregna de la condición brutal de nuestros días, y lo hace desde su condición de mujer. En sus telas evoca a esas otras mujeres sumidas en el conflicto. De allí aparece esa necesidad de traer encajes, hilos, de evocar el bordado la costura, propia de las labores y las prendas femeninas, para dar cuenta que su pintura, y por lo tanto su reflexión y su hacer, se contaminan de esa realidad agobiante que parece no cesar nunca.
Esos hilos sueltos, esos bordados a medio concluir dejan la vida en suspenso, como en suspenso viven miles de mujeres en el territorio colombiano. El rojo lejos de evocar alegría o calidez, se torna extraño y trae consigo la presencia de la sangre, de los cuerpos abiertos que ni siquiera queremos imaginar. Consuelo Manrique con sus obras habla con susurros, susurros punzantes como las agujas que se clavan sobre la tela o tal vez, sobre la piel.
Au début la peinture de Consuelo Manrique suggérait, par le biais de l’abstraction, l’existence d’espaces intérieurs, de lieux de séjour, depassages et de couloirs. Plus tard, les taches de couleur perdent de la profondeur et deviennentune surface; et sur cette dernière des traces de paysage et d’êtres vivantsapparaissent. À ce moment-là, son œuvre commence à aborder la violence que l’homme exerce à l’encontre de son environnement, de son habitat naturel, laquelle a entrainé des désastres écologiques irréparables. Consuelo Manrique a sillonné des régions reculées de la Colombie et a animélors de ses déplacementsdes ateliers d’art à des enseignants de communautés très isolées. Elle a pu, ainsi, affronterla peur qui habite les personnes de ces régions très éloignées et précaires, où l’État est absent. Cette expérience se traduit par l’introduction du sujet de la violence de l’homme contre ses propres congénères.
Dans ces régions-là, ce sont les groupes d’extrême droite ou d’extrême gauche qui font la loi sans respecter les droits de l’Homme. L’un des évènements atroces qui se sont déroulés en Colombie, le massacre du « Salado », en février 2000, reste dans les esprits des colombiens en raison de l’extrême cruauté avec laquelle presque cent personnes ont été tuées. À cette occasion, comme dans d’autres guerres, les femmes ont étéles principales victimes; et c’est justement la violence exercée à leur encontre le sujet de la série A Posteriori qui maintenantarrive à sa deuxième étape.
Depuis la série Corps silencieux(2004 - 2006), le corps féminin est devenu dans les créations de Consuelo Manrique un moyen iconographique permettant d’exprimer la situation des femmes dans cette guerre. Aussi bien dans A Posteriori I que dansA Posteriori II, la femme est symbolisée à travers desempreintes de dentelle, des mots subtilement écrits, des faufils et des traces délicates de graphite. Or, dans cette deuxième étape, ces moyens plastiques engendrent une peinture plus sereine sans pour autant être moins profonde. Maintenant, la couleur blanche, les tonalités jaunes et dorées sont dominantes. Le rouge, toujours présent, ne renvoie plus à des corps ensanglantés, déchirés oublessés. Et le corps féminin semble en passe de guérir par l’entremise du temps, le seul capable de le faire. La cage, un symbole qui peut être trouvé dans les séries précédentes, s’est ouverte. Quelque chose s’est libéré. De la porte ouverte sort une force circulaire qui parcourt le corps de la femme et aussi la toile servant de support à la peinture. Elle s’exprime par le biais de coutures et de lignes tracées avec du graphite. Cette force de gravitation nous montre que quelque chose palpite encore dans ces corps violés ou en proie à la douleur et à la crainte.
Consuelo m’a raconté qu’il y a peu de temps elle a assisté à une sorte de performance : un acte symbolique qui a été fait par les femmes victimes du « Salado ». Elles étaient habillées de blanc et étaient en silence. C’est à travers ce geste que ces femmes ont commencé à parler, à partager la terreur et la douleur qu’elles ont ressenties. Ainsi, elles ont pu guérir de ces blessures qui, malgré leurs cicatrices profondes, ne lesont pas empêchéesde continuer leurs vies.
Les titres de cette série : Chant, Éclat et Retour, de même qu’un vent frais qui fait ondoyer les vêtements dorés de ces femmes, me font penser à un corps doué de mémoire qui bien qu’il n’oublie pas, est capable d’abriter à nouveau la vie et d’entrevoir un nouveau départ.
Marta Rodríguez
Diplômée en Maîtrise en théorie et histoire de l’art